- DATATION (archéologie)
- DATATION (archéologie)DATATION, archéologieEn archéologie, le problème de la datation est essentiel, puisqu’il s’agit d’intégrer les découvertes de tout genre dans une suite historique, soit relative (succession sur un site), soit absolue (relation avec les dates historiques). Trouver les repères de datation et définir des «fossiles» chronologiques a toujours été la préoccupation fondamentale de l’archéologue.À ses origines (du XVIIe au XIXe s.), l’archéologie a procédé par analyse stylistique et esthétique, en relation avec les données des textes anciens pour établir de grandes périodes de classement. Mais, bientôt, les textes épigraphiques, les inscriptions pour la Grèce et Rome, les tablettes pour les civilisations mésopotamiennes et assyriennes, les hiéroglyphes en Égypte ont permis de fixer des repères qui, par recoupement, ont donné les points de référence nécessaires (succession des pharaons, succession des archontes athéniens, des consuls et des empereurs romains).Ce qui donnait des résultats intéressants pour les périodes historiques n’avait pas de valeur pour les périodes des civilisations sans textes. On a cherché à établir les datations par la succession des couches de civilisation, suivant la méthode dite stratigraphique. Si une chronologie relative est assez facile à établir, les datations absolues sont soumises à la nature des trouvailles et aux indications fournies par les objets, en particulier la céramique. Des concordances ont permis de trouver les passages d’une civilisation à l’autre, d’une série à l’autre. Ainsi, des objets égyptiens bien datés ont été trouvés dans le mobilier des tombes minoennes en Crète dès les \DATATION (archéologie) XVIIIe et \DATATION (archéologie) XVIIe siècles. La date absolue se trouvait ainsi approximativement fixée, et un mobilier nouveau était daté. De référence en référence, les séries chronologiques étaient alors bien définies. On sait toute l’importance des séries de vases corinthiens pour la chronologie du monde grec et de l’art grec des \DATATION (archéologie) VIIIe et \DATATION (archéologie) VIIe siècles.Mais, en préhistoire surtout, les limites des périodes chronologiques peuvent rester très incertaines. On a donc cherché et on cherche toujours à mieux interroger les objets eux-mêmes en interprétant leurs caractères physiques et chimiques et en ayant recours aux analyses de laboratoire. La radiochronométrie est une technique de datation fondée sur la propriété des isotopes radioactifs de se désintégrer avec le temps: en particulier le carbone 14, qui a une demi-vie de 5 730 années, et le potassium, qui a une demi-vie de 1,4 million d’années. C’est ainsi que la méthode du carbone 14 est devenue célèbre. Le principe en est simple. Les végétaux, absorbant le gaz carbonique de l’atmosphère, le transforment et retiennent dans leurs tissus un isotope du carbone 12, le carbone 14; tous les êtres vivants consommant des plantes absorbent aussi du carbone 14, corps radioactif qui commence à se désintégrer après la mort, alors que le carbone 12 reste fixé. C’est la mesure de cette désintégration qui permet de fixer la date de vie du témoin, par la mesure du rapport existant entre la quantité de carbone 12 et celle de carbone 14 et par comparaison de ce rapport à celui qui existe dans un exemple actuel. Des résultats fort importants pour la préhistoire ont été ainsi obtenus.Citons aussi la dendrochronologie, particulièrement importante pour les datations des bois protohistoriques. Elle repose sur le compte des cernes de croissance à partir du cœur de l’arbre, et sur l’évaluation de la largeur et de la dureté des couches qui dépendent des variations climatiques. Des tables de variations ont été établies pour certaines régions et certaines périodes, et les éléments découverts dans les fouilles peuvent trouver leur place dans les séries ainsi définies.Pour la datation des céramiques et des silex brûlés en particulier, une technique a été mise au point, c’est celle de la thermoluminescence fondée sur la composition des éléments radioactifs contenus dans les poteries, éléments qui, sous l’action de la chaleur, libèrent des électrons dont l’énergie provoque l’émission de photons. Le comptage de ces éléments permet des évaluations chronologiques assez précises.Citons enfin le magnétisme rémanent. La méthode est fondée sur le fait que le magnétisme terrestre varie (en France, par exemple, de l’ordre de 6 à 8 par an): connaissant ses variations passées, on peut leur comparer les valeurs qui se trouvent enregistrées (aimantation rémanente) dans des objets ayant subi une (ou plusieurs) cuisson(s) en place (four, mur de brique crue incendié...) et en déduire une datation approximative de la dernière (ou unique) cuisson.Ce ne sont là que quelques exemples des recherches poursuivies pour établir les bases scientifiques des datations, travaux valables plus pour les périodes préhistoriques et protohistoriques que pour les civilisations classiques.
Encyclopédie Universelle. 2012.